La psychanalyse Rêve-Éveillé s’appuie sur l’ouverture à l’imaginaire dans la cure. Elle s’inscrit dans l’histoire d’un groupe qui se réfère originairement aux travaux de Robert Desoille. La règle fondamentale de libre association de pensées, est élargie à la libre association d’images et facilite l’accès à l’inconscient.
Le Rêve-Éveillé a été initié au départ par Robert Desoille en 1925 (1890-1966), comme Rêve-Éveillé-dirigé, et a connu depuis lors des évolutions dans sa théorisation et dans sa pratique, à travers les travaux de recherche de Desoille lui-même et de ses successeurs.
C’est en 1987 que le GIREP se constitue, le « en » de « Rêve-Éveillé en Psychanalyse » marquant alors l’inscription du Rêve-Éveillé dans le champ analytique.
Il succédait ainsi au GIREDD (Groupe International du Rêve-Éveillé Dirigé de Desoille) puis au GIRED (Groupe International du Rêve-Éveillé de Desoille), et marquait par là une évolution certaine, ne renonçant ni à l’originalité du Rêve-Éveillé et du travail de l’imaginaire, ni à la pertinence de l’écoute et du cadre psychanalytiques.
Rêve-Éveillé en Psychanalyse : écouter les images qui sont en nous.
Les indications du Rêve-Éveillé en psychanalyse recoupent celles de la psychanalyse dans ses formes classiques.
Psychanalystes du GIREP, nous cherchons à être créatifs dans notre pratique, pour une psychanalyse vivante.
Il nous arrive de proposer à nos patients, au détour d’une séance, de laisser associer des images. Exemple : « Cette émotion, si c’était une image, ce serait comment ? » ou « Si on retournait dans votre rêve ?» Le « on » est à la fois collectif : « allons-y ensemble, comme si on y était », C’est aussi un « on » un peu indifférencié. Il ne désigne pas trop précisément qui est le personnage en question. Ce « on » là fonctionnerait un peu comme un masque.
Le processus du Rêve-Éveillé en analyse
Le patient peut décrire une image, comme une photo, (ex. Un jardin) ou un tableau, qui peut relancer d’autres associations : Ex. « tiens, il faut que j’aille avec mon père acheter une tondeuse, ça fait longtemps que je ne l’ai pas vu, mon père ». Cette représentation peut favoriser l’évocation d’un souvenir : Ex. « ça me rappelle le jardin de ma grand-mère ».
Parfois, cela amène l’analysant, soutenu par l’écoute et la proposition de l’analyste de « se voir » dans cette image, à s’y déplacer. Il laisse l’image se transformer. Un décor se dessine. Un scénario s’y déroule. Des personnages, ou des animaux ,ou des objets, peuvent apparaitre.
Le patient raconte au fur et à mesure. Il est à la fois dans une position de spectateur, mais aussi d’auteur et d’acteur : Ex.« Je suis dans ce jardin, c’est la fin de la journée. Il fait un peu frais. Tiens, il y a un puits vers la droite, je ne sais pas si j’ai envie d’aller voir… ».
Ici, on est vraiment comme dans un rêve, mais c’est un Rêve-Éveillé. L’analyste n’induit rien qui serait étranger à la scène. Il s’abstient de forcer la « production ». Grâce à son contre-transfert, Il se contente de soutenir le processus de figuration. En revanche, il reste possible de souligner discrètement tel ressenti du patient, afin qu’il s’implique davantage sur le plan émotionnel. Il n’interprète pas (l’interprétation viendra plus tard).
L’analyste s’adosse à une position interne qui le met en lien avec sa propre capacité de rêverie, en écho au rêve de son patient. C’est pour cela qu’il peut dire par exemple « si on y retournait ? ». Cette posture lui permet d’accompagner le patient dans un espace imaginaire partageable. (L’analyste peut lui aussi avoir des jardins dans la tête. Il n’en dit rien, bien sûr, au patient).
Pour une représentation des affects
L’analyste cherche à ouvrir un espace, partageable, et à favoriser un processus dans lequel il devient possible de commencer à figurer, à rêver.
Ce processus permet de penser ce qui ne peut pas encore l’être, ce qui est là sans possibilité d’être même raconté, d’être représenté.
Ce mode d’écoute permet de donner au moins une forme à une souffrance qui cherche à se raconter.
On comprend tout l’intérêt de ce mode d’écoute pour des patients figés dans des problématiques comme les troubles alimentaires. Ici, c’est le corps qui semble pris tout entier comme espace de représentation de ce qui fait souffrir.
Pour beaucoup de personnes, le Rêve-Éveillé est une expérience forte, une manière de retrouver le contact avec soi-même. Il s’agit d’ une sorte de « mise en présence avec soi », inscrite dans le transfert sur l’analyste.
Questions fréquentes sur la psychanalyse Rêve- Éveillé
Le Rêve-Éveillé offre la possibilité de vivre un scénario intérieur dans un espace imaginaire.
Comment cela se passe-t-il ?
La fréquence des séances d’analyse est habituellement d’une ou deux par semaine.
En début de cure, comme toujours en psychanalyse, des séances préliminaires sont nécessaires. Cela permet à la personne qui vient consulter, de voir, de sentir comment travaille le ou la psychanalyste qui l’accueille, et de savoir si elle se sent en confiance auprès d’elle ou de lui. Et cela permet à l’analyste de connaître un peu le ou la consultant(e), sa demande, ses ressources psychiques, ses difficultés.
Puis vient un moment où il semble possible de mettre en jeu le Rêve-Éveillé dans une expérience qui reste toujours singulière et originale à chaque patient.
La conduite de la cure, dans ce temps du Rêve-Éveillé, consiste surtout à faire en sorte que le patient reste inscrit dans une production imagée, et non pas qu’il développe des souvenirs ou des réflexions.
Le coût est impossible à connaitre à l’avance, car il dépend de la durée de la psychothérapie ou de l’analyse… que l’on ne peut déterminer à l’avance.
Si l’analyste est médecin-psychiatre, il peut y avoir une part remboursée par la Sécurité Sociale. S’il ou elle est psychologue, il n’y a pas de convention avec l’Assurance-Maladie, donc les séances ne sont pas remboursées.
Toutefois, dans certains cas, un certain nombre de séances peuvent être prises en charge par certaines Mutuelles Complémentaires qui participent parfois au coût d’une psychothérapie. Se renseigner auprès de sa Mutuelle.
Comme le Rêve-Éveillé s’inscrit dans une psychothérapie ou une cure psychanalytique, ce qui est important ce n’est pas l’image toute seule, c’est qu’un processus se mette en route pour favoriser l’écoute de soi-même, et cela passe par différents modes de langage.
Qu’il s’agisse de Rêve-Éveillé, de récits, de rêves nocturnes, d’évocations, de fantasmes, de rêveries ou d’associations librement développées, la dynamique du passage de l’image aux mots favorise le processus de prise de sens, de transformation, de symbolisation et de sublimation.
L’analyste est là pour soutenir ce processus.
Freud disait que lorsque la psychanalyse est « terminée », c’est que le patient a retrouvé une capacité de travailler et d’aimer.
Concrètement, c’est toujours dans un dialogue que cette question se travaille entre le patient et le thérapeute. Parfois le patient veut « arrêter », ce qui n’est pas la même chose que « finir ». L’analyste peut lui indiquer que ce n’est pas le bon moment.
Une psychanalyse se commence et se termine progressivement.
La fin d’une analyse, c’est aussi pour le patient, continuer seul ce mouvement d’écoute de soi-même…
Pour aller plus loin
Hommage à Nicole FABRE
Dans son ouvrage « Le Rêve-Eveillé , de l’imaginaire à l’inconscient » , Nicole Fabre écrivait en avant-propos : « Merci enfin à tous les Pinocchio, Gerda, Sophie, Reines, Rois et Princes, Chats avec ou sans bottes qui ont fait et font avec moi un bout de ce chemin qui est notre chemin de vie ».
A notre tour de la remercier pour l’héritage qu’elle nous laisse, celui de pouvoir grâce au Rêve-Eveillé, accompagner nos patients dans la découverte de leur propre créativité intérieure.
Deux entretiens avec Nicole Fabre sur le Rêve-Éveillé en Psychanalyse
– « De la rêverie au Rêve-Éveillé en Psychanalyse ».
– « Le Rêve-Éveillé avec l’enfant ».
Deux entretiens avec Nicole Fabre sur le Rêve-Éveillé en Psychanalyse
– « De la rêverie au Rêve-Éveillé en Psychanalyse ».
– « Le Rêve-Éveillé avec l’enfant ».